Le bruit perturbe t-il le rythme cardiaque ?

Publié le : 03 décembre 20207 mins de lecture

Les bruits peuvent engendrer du stress quand ils sont très forts, durent longtemps ou sont répétitifs. Il provoque en effet une sécrétion de catécholamines, des hormones qui augmentent la fréquence cardiaque et la pression artérielle. Le stress est donc un effet secondaire du bruit qu’il ne faut pas négliger puisque les conséquences peuvent être importantes, au niveau psychologique mais aussi au niveau cardiovasculaire. Cet article parle : est-ce que le bruit perturbe-t-il le rythme cardiaque ?

Le bruit perturbe le rythme cardiaque

Avec l’augmentation de la pollution sonore, la fréquence de la fibrillation auriculaire augmente considérablement. Les scientifiques du Centre de cardiologie du Centre médical universitaire de Mayence ont pu le prouver grâce aux données de l’étude Gutenberg sur la santé.

Nous vous recommandons : Quels risques pour les maladies vasculaires ?

Des chercheurs établissent un lien entre la pollution sonore et la fibrillation auriculaire

Avec l’augmentation de la pollution sonore, la fréquence de la fibrillation auriculaire augmente considérablement. Les scientifiques du Centre de cardiologie du Centre médical universitaire de Mayence ont pu le prouver grâce aux données de l’étude Gutenberg sur la santé. Ils ont constaté que la fréquence de la fibrillation auriculaire en cas de pollution sonore extrême peut être réduite à entre-temps, alors que ce chiffre n’est que de 15 % sans cet impact environnemental. Si l’on considère la proportion des sources de pollution sonore extrême, le bruit des avions est le plus important, puisqu’il représente 84 % pendant la journée et 69 % pendant le sommeil. Ces résultats ont maintenant été publiés dans le numéro actuel du célèbre International Journal de cardiologie. La gêne due au bruit est l’indicateur le plus important pour décider quelles expositions au bruit doivent être considérées comme significatives ou inacceptables et avoir un effet néfaste sur la santé. La gêne, les troubles du sommeil, l’épuisement et les symptômes de stress causés par le bruit ont un effet néfaste à long terme sur le bien-être, la santé et la qualité de vie. On a déjà pu prouver le lien entre le bruit et les maladies vasculaires dans plusieurs études sur des volontaires sains, des patients et aussi dans des études pré-cliniques. Jusqu’à présent, aucune étude explicite n’a été menée pour déterminer dans quelle mesure il existe un lien entre la pollution sonore et l’arythmie cardiaque.

Étude transversale avec plus de 15 000 participants

Les effets de la pollution sonore ont fait l’objet d’un projet de recherche dans le cadre de l’étude Gutenberg sur la santé : GHS. Le GHS est l’une des plus grandes études de ce type au monde, impliquant plus de 15 000 hommes et femmes âgés de 35 à 74 ans de la capitale de la Rhénanie-Palatinat et du district de Mayence-Bingen. Les scientifiques ont étudié le lien entre les différentes sources de bruit pendant le jour et la nuit pendant le sommeil et l’arythmie cardiaque la plus courante dans la population générale, la fibrillation auriculaire. L’étude a révélé que l’augmentation des niveaux de bruit s’accompagne d’une forte augmentation de la fréquence de la fibrillation auriculaire. Avec une exposition au bruit extrême, la fréquence de la fibrillation auriculaire a augmenté à 23 %, sans exposition au bruit, le chiffre n’était que de 15 %. Dans ce contexte, il a été démontré que le bruit des avions représente la plus grande part de la pollution sonore extrême : 84 % pendant la journée et 69 % pendant le sommeil. La pollution sonore des avions touche 60 % de la population, soit plus d’une personne sur deux dans la région de Mayence-Bingen. Il dépassait donc largement les autres sources de bruit telles que le bruit de la route, du rail ou du voisinage. Les résultats de l’étude montrent pour la première fois que la pollution sonore provenant de diverses sources pendant la journée et le sommeil nocturne est associée à un risque accru de fibrillation auriculaire. Dans l’ensemble, on a observé une plus forte influence de la  pollution sonore nocturne sur le rythme cardiaque. Les participants à l’étude du SGH ont été invités à évaluer dans quelle mesure ils avaient été affectés par le bruit des routes, des chemins de fer, de la construction, des industries, des quartiers et des avions au cours des dernières années, de jour comme de nuit. La pollution sonore a été enregistrée à l’aide de questionnaires standardisés utilisés au niveau international. La fibrillation auriculaire a été diagnostiquée sur la base des antécédents médicaux du patient et de l’ECG d’étude.

Davantage de pollution sonore malgré l’interdiction des vols de nuit.

Le lien entre la pollution sonore et la fibrillation auriculaire est une découverte importante, qui pourrait également expliquer pourquoi le bruit peut entraîner davantage d’accidents vasculaires cérébraux. Cependant, il ne faut pas oublier que le bruit entraîne également des dommages pour la santé sans qu’il y ait nécessairement une réaction de gêne. L’étude a également examiné les effets de l’interdiction des vols de nuit, de 23 heures à 5 heures du matin introduite par l’aéroport de Francfort, sur la pollution sonore des avions signalée par les participants. Il est intéressant de noter que la pollution sonore des avions a considérablement augmenté suite à l’introduction de l’interdiction des vols de nuit, tant de jour que de nuit. Cela pourrait être dû au fait que, malgré l’interdiction des vols de nuit, le nombre total de mouvements d’avions n’a pas diminué et que les mouvements d’avions se sont davantage concentrés sur les heures creuses, entre 22 heures et 23 heures et entre 5 heures et 6 heures du matin. L’une des conséquences serait une extension de l’interdiction des vols de nuit de l’actuelle heure de 23 heures à 5 heures du matin à l’heure de 22 heures à 6 heures du matin, et donc à une période de temps qui correspond à la période de nuit légalement définie. À titre de précision, les directeurs de l’étude soulignent que la pollution sonore a été mesurée et non le bruit physique. Comme il s’agit d’une étude transversale, aucune déclaration ne peut être faite sur les relations de cause à effet, bien que diverses études longitudinales aient pu montrer un lien entre le bruit et les événements cardiovasculaires et donc un effet causal global. En tout état de cause, les résultats soulignent que la pollution sonore est un problème de santé grave et répandu.

Plan du site